FIDH-MLDH: 03 Juillet 2015
Paris, 30 Juin 2015 : Le refus du Gouvernement Lao d’accepter les recommandations clé formulées lors de son dernier Examen Périodique Universel (EPU) a tourné en farce le processus de révision des Nations Unies, ont déclaré aujourd’hui la FIDH et son organisation membre, le Mouvement Lao des Droits de l’Homme (MLDH).
“L’attitude défensive du gouvernement lao et ses refus généralisés ont fait de son EPU une mascarade. Le dernier EPU du Laos a clairement montré l’absence de volonté de Vientiane à résoudre les sujets importants en matière des droits de l’Homme » , a souligné le Président de la FIDH M.Karim Lahidji.
Le 23 juin, le Laos a accepté 116 des 196 recommandations préconisées lors de son second EPU en janvier 2015. Selon Thongphane Savanhphet, le représentant permanent du Laos, auprès de l’Office des Nations Unies à Genève, les autres 80 recommandations « n’ont pas recueilli le soutien total » du gouvernement.
La réponse du gouvernement a été particulièrement insuffisante sur le sujet des disparitions forcées. Le gouvernement a rejeté l’ensemble des huit recommandations qui appelaient à mener une enquête pour toutes les allégations de disparitions forcées dans le pays, considérant ces allégations comme « non conformes à la réalité ». Par un tour de passe- passe incongru, le gouvernement a reconnu la disparition du proéminent leader de la société civile Sombath Somphone, mais a accepté seulement quatre des dix recommandations appelant à enquêter sur sa disparition. Dans les explications évoquées pour le rejet des six recommandations relatives au cas de Sombath, le gouvernement a livré une propagande désuète et n’a pas fourni d’informations nouvelles concernant ses prétendues tentatives pour déterminer le sort de Sombath. Le gouvernement a déclaré que le Comité d’Investigation était « ouvert à tout avis ou toute suggestion des parties intéressées » et l’enquête menée par les autorités concernées était « toujours en cours ».
De plus, le gouvernement ne s’est pas engagé sur la ratification de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées (ICPPED). Plus de six ans après la signature de l’ICPPED et malgré avoir accepté de nombreuses recommandations appelant à la ratification de l’ICPPED lors de son premier EPU, en mai 2010, le gouvernement a indiqué qu’il « envisageait d’étudier » seulement la ratification du traité.
Concernant les autres domaines des droits de l’Homme, le gouvernement Lao a rejeté de plusieurs recommandations appelant au respect de la liberté d’expression, la liberté des média et la liberté d’Internet ; la protection des défenseurs des droits de l’Homme ; la levée des obstacles empêchant le travail des organisations de la société civile et des ONGs ; l’abolition de la peine de mort.
Le gouvernement laotien a également refusé d’accepter de nombreuses recommandations qui appelaient à établir une Institution National des Droits de l’Homme (INDH) en conformité avec les Principes de Paris. Dans une réponse à peine croyable, le gouvernement a affirmé que le pays avait des « mécanismes nationaux qui traitaient les questions des droits de l’Homme, quasi similaires aux Principes de Paris, bases d’une INDH.
Enfin, le gouvernement « a pris note » des recommandations appelant à la ratification des traités internationaux importants. Le gouvernement Lao a indiqué qu’il avait besoin de « plus de temps pour étudier » le Protocole Facultatif se Rapportant à la Convention sur l’Elimination de toutes les Formes de Discrimination à l’égard des Femmes (CEDEF), la Convention Internationale de l’ONU pour la Protection des Droits de tous les Travailleurs Migrants et des membres de leurs Familles, et la Convention de 1951 relative au Statut des Réfugiés. Il a également déclaré qu’il n’était pas prêt à adhérer au Deuxième Protocole Facultatif se rapportant au Pacte International relatif aux Droits Civil et Politiques (PIDCP) ; Protocole Facultatif se rapportant à la Convention contre la Torture (CAT), le Protocole Facultatif se rapportant au Pacte International relatif aux Droits Economiques, Sociaux et Culturels (PIDESC).
Malgré son refus d’adresser d’invitation permanente aux procédures spéciales des Nations unies lors des cinq dernières années, le gouvernement a réitéré qu’il « se préparait à inviter les Rapporteurs Spéciaux » et qu’il planifiait d’inviter le Rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à un logement convenable « dans un futur proche ».
« Le comportement inadapté du Laos lors de son dernier EPU montre qu’il reste beaucoup à faire avant que le gouvernement ne devienne un candidat crédible au Conseil des droits de l’homme de l’ONU » , a déclaré Mme. Vanida Thephsouvanh, présidente du MLDH. « A moins que la communauté internationale exerce une pression politique renouvelée sur les manœuvres dilatoires et les promesses creuses du gouvernement, il est hautement improbable que la situation des droits de l’homme s’améliore. »
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